La prière scoute et le développement personnel.
Un peu d’histoire : La prière scoute est attribuée à Saint Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre jésuite, auquel appartenait le Père Sévin qui, en 1917, mit les paroles en musique pour les scoutes de France.
Comment est née la prière scoute ?
Jacques Sévin est né en 1882 à Lille. Après des études supérieures d’anglais il entre au noviciat des jésuites le 15 décembre 1900. Il se rend en Angleterre en 1913 pour connaître le scoutisme de Baden Powell, où il participe à un rallye de 3000 scouts. Convaincu que ce mouvement est une véritable force naissante il forme le projet de le lancer en France. Il est ordonné prêtre en 1914.
La prière scoute est la prière des mouvements scouts catholiques. Les Scouts, lorsqu'ils la chantent se tiennent les bras le long du corps, en hommage à St Ignace de Loyola, paralysé à la fin de ses jours.
En 2016, la France comptait 170000 scouts répartis en 10 grands mouvements.
Qu'est-ce que le développement personnel ?
Le Développement Personnel renvoie à toutes les activités proposant de développer une connaissance de soi, de valoriser ses talents et potentiels, de travailler à une meilleure qualité de vie, et de réaliser ses aspirations et ses rêves. Le coaching en fait partie.
Il y a quelques années, l’une de mes clientes coachée me fit découvrir la prière scoute, en m’expliquant qu’elle avait bercée son enfance.
Afin d’y repérer quelques messages contraignants éventuels, ou quelques croyances non-aidantes pour ma cliente, je décidai d’étudier cette prière de plus près. Rapidement, j’en arrivai à la conclusion suivante : à mon sens, cette prière constitue une véritable mine anti-développement personnel.
Extrait : « Seigneur Jésus, Apprenez-nous à être généreux…… » « A nous dépenser, sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté »
Qu’est-ce que la générosité ? Voltaire, dans son dictionnaire philosophique (1838) la définissait ainsi : « La générosité est un dévouement aux intérêts des autres, qui porte à leur sacrifier ses avantages personnels. En général, au moment où l’on relâche ses droits en faveur de quelqu’un, et qu’on lui donne plus qu’il ne peut exiger, on devient généreux » Le mot « générosité » vient du latin « generositas » qui signifie « bonté de la race ». Il décrit une disposition à donner plus que ce que l’on est tenu de donner, et à recevoir moins que ce que l’on pourrait réclamer.
Compte tenu de ces définitions, je persiste à demander à mes clients de ne pas être généreux. Je les invite à demander ce à quoi ils estiment avoir droit (un retour positif pour un travail bien fait par exemple).
Nous avons tous besoin de signes de reconnaissance positifs, et les réclamer haut et fort lorsqu’ils ne viennent pas est une attitude salvatrice.
En réponse à la Prière Scoute, ma première recommandation est : « En vérité, je vous le dis, soyez égoïstes ! »
Extrait : «Apprenez-nous à Vous servir comme Vous le méritez » « A donner sans compter » « A travailler sans chercher le repos »
Les personnalités de type travaillomane ou persévérante se reconnaîtront probablement ! Travailler sans relâche, ne pas écouter son corps qui crie fatigue, surtout, ne pas se reposer (« une sieste ? Quelle horreur ? »)
Lorsque j’ai rédigé mon mémoire sur le Burnout Syndrom, j’ai pointé les risques d’un travail sans relâche, dans l’attente toujours insatisfaite de signes de reconnaissance positifs.
« Travailler sans chercher le repos » est une injonction dangereuse dans le contexte socio-économique actuel. On demande toujours plus à l’être humain, et, souvent, on oublie la vertu du repos. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont l’article 24 nous dit que « toute personne a droit au repos et aux loisirs ». Qu’en pensez-vous ?
En réponse à la Prière Scoute, ma seconde recommandation est : «Gardez du temps pour vous, écoutez ce que vous dit votre corps, pratiquez l’art de ne rien faire ! »
Notre éducation nous a formatés, en nous faisant voir le monde sous un certain angle, en nous donnant un certain cadre de référence. Au cours de notre vie, nous avons l’occasion de remettre en cause ce cadre de référence, d’observer s’il est toujours en phase avec le monde dans lequel nous vivons. Encore faut-il en avoir le courage.
En donnant priorité à nos besoins, à nos envies, en respectant nos valeurs, en écoutant notre instinct, nous faisons ce qui est bon pour nous, et pour notre entourage.